30 mai 2007

Page 48 : Y boayl share sy theihll son ratchal raaidey

(le meilleur endroit au monde pour les courses sur route)

La première semaine du Tourist Trophy (qui fête son centenaire cette année) est consacrée aux courses de motos classiques, près de Castletown, charmante petite bourgade, ancienne capitale de l'Ile de Man...


Ah, que j'aime entendre le chant des pistons le soir au bord des champs !
Triumph, BSA, Norton, Honda, Yamaha, Laverda, Ducati, BMW, etc... vrombissent et mugissent sur le quadrilatère du circuit de Billown, laissant parfois derrière elles des effluves d'huile de ricin...



Cette année, le cadeau bonus fut la reconstitution du premier TT sur son circuit originel entre
St John, Kirk Michael et Peel, avec les machines de 1907 a 1930... Toutes ces vénérables anciennes, démarrées à l'huile de genou (a la poussette !) ont ainsi à nouveau pétaradé pour le plus grand bonheur du nombreux public se pressant sous le soleil...
Encore une invite à faire du tourisme dans ces chouettes paysages parsemés de vestiges historiques, celtiques, vikings ou moyen-âgeux...

Cette première semaine se déroulent également les qualifications pour le TT 2007 sur le circuit de la montagne. La route est fermée au trafic tous les soirs de 18h15 a 21h15, le soleil se couche vers 21h30...
Fffoouuu ! Ça va vite, très vite ! Motos ou side-cars, ils ne sont pas venus pour tricoter !


Je me poste à un endroit différent chaque soir, les enchainements de virages à Glen Helen, le saut sur le Ballaugh Bridge, le virage à angle droit de Ballacraine... Quel spectacle !


On discute de tout ça le soir au bar du Football-Club de Castletown où j'ai planté ma tente gratuitement pour la semaine, tout de suite formidablement accueilli et sans aucun doute ma moto y est pour quelque chose...




"The LeMans, the best ever-made Moto Guzzi, I remember in 1978 when Mike Hailwood brought one on the island in his van... A fantastic machine, small and fast !"
même en anglais, si c'est pas du bonheur à entendre !

Page 47 : Failt erriu dys Mannin


(Bienvenue sur l'Ile de Man)
C'est une ile située entre l'Irlande et la Grande-Bretagne. C'est un protectorat de la couronne britannique, mais l'ile ne fait pas partie du Royaume-Uni, émet sa propre monnaie (équivalente à la livre anglaise) et ses propres timbres...
Son parlement, le Tynwald, est le plus ancien encore en exercice, siégeant depuis plus de 1000 ans sans interruption...

En 1904, il édicta une loi autorisant la fermeture des voies publiques pour permettre les courses de voitures et de motos.

C'est ainsi que 3 ans plus tard eut lieu le premier Tourist Trophy Moto, remporté par Charlie Collier sur Triumph en monocylindre et Rem Fowler en Peugeot à moteur Norton en bicylindre...




Charlie Collier, dont la moto était plus fiable, établit alors le record du tour à la vitesse moyenne de 69,04 km/h...
C'est à peu de choses près la vitesse moyenne à laquelle on effectue les 60,70 kms du circuit de la montagne sur lequel se court le TT de nos jours, en respectant les quelques limites de vitesse et en tenant compte du trafic (54 minutes a 67,32 km/h)...



Mais sur route fermée, le tour record établi en 2006 par John Mc Guiness était de 17 minutes et 30 secondes, à la vitesse de 208,29 km/h !!!


208 % d'adrénaline pure, sur cette route aux innombrables virages souvent sans visibilité, bordée de murets en pierres, d'arbres et de talus au ras de la chaussée, ou côtoyant le vide dans la montagne...



A cela, il faut ajouter quelques trottoirs, des plaques d'égout, des bandes blanches et un passage à niveau... De la folie furieuse !
Quand on pense que dans les années 1920, les routes n'étaient pas goudronnées et les coureurs devaient ouvrir et refermer les barrières pour le bétail...

La règle générale est que la vitesse n'est pas limitée sur les routes de l'Ile de Man, sauf indication contraire... Mais il faut garder la tête froide, ce sont des routes dangereuses et piégeuses, souvent dégradées et fréquentées par des vaches, des moutons, des canards, des mouettes et même un paon... J'imagine que les fameux chats de l'Ile de Man ont perdu leur queue en traversant les routes !

Et je tiens à souligner l'excellence de la police manxoise (Si, si, j'vous jure !), affable et résolument axée sur la prévention, pas sur la répression et le racket comme en France... On vous avertit d'abord avant de vous sanctionner, mais si vous continuez à faire l'idiot, alors c'est la prison... Donc on peut rouler raisonnablement sans souci, ni psychose du radar et du flic caché à guetter votre moindre écart...

Les manxois n'ont d'ailleurs pas une conduite agressive, ils sont très respectueux des autres, je n'ai jamais entendu un coup de klaxon ici, sauf pour saluer quelqu'un...

Donc, cool, relax, cette ile offre d'ailleurs beaucoup de choses à voir sur ses 53 kms de long par 21 de large, avec l'aide de la météo... variable !

Bon, pour cette première semaine, je n'ai pas trop à me plaindre...

www.visitisleofman.com

Page 46 : Northwest 200...7


Un tour de roue et me voilà de retour en République d'Irlande, dans la province du Donegal, certainement l'une des régions les plus sauvages de l'ile au trèfle...
La mer et la terre se mélangent furieusement sur ces cotes déchiquetées, battues par les vents et la houle océanique.
La Bretagne a sa "baie des trépassés", le Donegal a sa "péninsule sanglante", c'est assez évocateur comme nom, il me semble...
Je suis naturellement allé faire un tour au point le plus au nord de l'Irlande, Malin Head sur la péninsule d'Inishowen, ça m'a tellement plu que j'y suis resté pour la nuit, dans l'un des hôtels "les plus au nord" (Sandrock Holiday Hostel, à 10 euros la nuit en dortoir, je ne vais pas monter la tente !), une bonne adresse indiquée par le barman du Farren's Bar, le pub "le plus au nord", très sympa, tenu par la même famille depuis 6 générations, ou l'on y sert la pinte de Guiness avec son nom écrit dans la mousse, un bon moyen pour ne pas égarer son verre ! Bon, d'accord, "Libellule", c'est un peu compliqué, alors je ne quitte pas ma pinte des yeux !
Le lendemain, c'est sous la pluie et par de petites routes bien défoncées que je rejoins le pays de Yeats, fameux poète des environs de Sligo.
Ce qui me frappe le plus (à part les soubresauts de ma machine !), c'est que la campagne irlandaise n'est plus un désert comme je pouvais le penser après mon premier passage dans cette région il y a 15 ans, partout des maisons neuves, des voitures récentes, les grands axes routiers s'améliorent grandement, avec l'aide affichée de la CEE, l'Irlande, ce pays au riche patrimoine celte, connait actuellement un boom économique sans précédent...
Si chez nous, l'argent communautaire ne semblait pas disparaitre dans les rouages du pouvoir, p'tet' ben que les français seraient plus "europhiles", non ? (Tiens, juste une idée idiote, comme ça, à laquelle nos bureaucrates parisiens ne sont pas foutus de penser, une route à 2*2 voies entre Mâcon et Bordeaux, par exemple...)

Pour revenir en Irlande, je me réserve suffisamment de temps pour visiter la fameuse brasserie Guiness à Dublin, avant d'embarquer dans la nuit sur un ferry qui m'amène en 3 heures au petit jour à Douglas , sur l'ile de Man (avec 3 h de retard à l'embarquement, mais la Steam Packet Company qui détient le monopole des liaisons maritimes fait ce qu'elle veut...).

21 mai 2007

Page 45 : de l'orange au vert...

Il y a 8 jours, j'étais dans une oasis au coeur du désert iranien, en compagnie de Norbert et Sabine, le thermomètre affichait 42 degrés, ce soir je suis à bord d'un ferry traversant la Manche entre la Bretagne et l'Irlande, j'ai perdu en température ce que j'ai gagné en longitude...

De routard je suis devenu motard, mais qu'importe, tant que je continue à surfer sur la planète...
Ma Guzzi a 28 ans (moi 43), quel bonheur d'écouter le son du V-Twin s'exprimer dans la lande bretonne ! 1050 kms avalés en 2 jours à travers la France à une moyenne respectable de 83 km/h, sans prendre l'autoroute, mais ces p. de radars automatiques font chuter la moyenne !

Présumé coupable ! Mais les français ont massivement voté pour le Sarkoz' (qui rime avec scoliose, cirrhose, overdose...) Une bonne raison de retourner dans ce pays à la pointe de l'Europe que j'adore, l'Irlande...

Déjà, dans le pub à bord du "Normandy", c'est l'ambiance immémoriale de la convivialité à l'irlandaise...
Moi, je suis preneur ! (D'autant que maintenant l'air est tout à fait respirable dans les pubs, c'est non fumeur, je vais fumer mes cigarillos à l'extérieur, no problem...).



Après l'abstinence islamique, c'est avec un plaisir certain que je me rince le gosier avec quelques pintes de vraie bière, Guiness, Kilkenny, Murphy... alors, si en plus quelques jolies filles esquissent quelques pas de danse avec leurs bas qui grésillent...


Bon, si le ferry se perd en route, ça ne me gêne pas plus que ça (sauf que mon prochain ferry pour l'Ile de Man part dans 5 jours !)...
Parce que faut pas croire, comme ça, le nomadisme c'est un vrai métier, avec ses contraintes horaires aussi !

Et pof ! Une année de plus au compteur !

Hé ! Les 100 ans du Tourist Trophy, la plus ancienne course de moto du monde, ça n'arrive qu'une fois ! Et j'en serais le spectateur (avec quelques dizaines de milliers d'autres, dont une poignée de Haut-Marnais !)...

En attendant, à moi les vertes campagnes irlandaises, avec ses route étroites et sinueuses, avec vue sur la mer le plus souvent, sinon au milieu des bois... Je me décide enfin à changer le pneu avant de ma moto, bien usé, à Belfast, avant de rendre hommage à l'un des coureurs les plus emblématiques du TT, Joey Dunlop, (Né à Ballimoney en 1952, décédé en Estonie en 2000)...


Toujours en Irlande du Nord, j'enchaine sur la visite de la plus vieille distillerie de whiskey du monde, à Bushmills (en 2008, ils fêteront leur 400ème anniversaire !) avant d'user mes bottes sur la chaussée des géants, formation volcanique spectaculaire, là on cause en millions d'années...

09 mai 2007

Page 44 : L'Iran autrement

Quand ils seront sortis de l'hypnose et de la narcose qui les ont amenés à élire le Sarkoz' comme président, beaucoup de français iront s'entasser sur les plages sous un soleil de plomb pour passer les vacances...
Ici, les vacanciers apprécient surtout la fraicheur et l'humidité qu'ils trouvent dans le massif de l'Alborz, cette chaine de montagnes au nord-est de l'Iran, qui borde la Mer Caspienne.
Comme les bains de mer ne sont pas trop à la mode (pas de plage mixte, les femmes doivent rester entièrement habillées...), le tourisme s'oriente plutôt vers l'intérieur des montagnes, auquel on accède de plus en plus facilement par des routes spectaculaires, offrant des panoramas époustouflants... quand le temps le permet !

Je suis allé voir le château d'Hassan-e-Sabah près d'Alamut dans une puante Paykan (je m'étais pourtant juré de ne plus remonter dans ces bagnoles antédiluviennes !), en compagnie de Ruth, une écossaise de Wick. D'ailleurs la forteresse disparaissait totalement derrière une brume toute britannique ! (Koda hafez, Ruth !)
Cette forteresse était le repaire de la secte des mercenaires Assassins qui est une transcription de Hashish-iyun qui signifie "enivrés au hashish" (donc, on ne peut pas traiter Bush d'assassin, car je doute qu'il fume du hash'... C'est un criminel, ça c'est sûr, ah mais zut, on n'a plus le droit de le dire, l'autre nabot est allé lui cirer les pompes, je referme la parenthèse...).

Perché en haut d'une montagne, ce château est un vrai nid d'aigle, dont j'entendais d'ailleurs les cris percer le brouillard... Peut être qu'en volant sans visibilité, ils se cognaient à la falaise ?
En tous cas, les pâturages étaient bien verts, au bonheur des chèvres dont on a pu déguster le fromage et le dough ("dourr", lait caillé avec des herbes, c'est délicieux...)

Je me suis ensuite dirigé vers un autre village de montagne, situé au bout de la route dans une vallée verdoyante, le superbe village de Masuleh pour lequel j'ai tout de suite éprouvé un coup de coeur...
D'abord, on se croirait en Asie du Sud-Est, quand on circule au milieu des rizières et des plantations de thé dominées par des rangées de montagnes embrumées... Puis on ressent que les gens qui habitent cette vallée à l'habitat caractéristique forment une vraie communauté, se saluant tous...
Et l'on arrive au bout de la route goudronnée à ce village bâti à flanc de montagne, à plus de 1000 m d'altitude... Le toit des maisons sert de rue piétonne aux habitants des maisons du dessus...
Bercé par le bruit du torrent, réveillé par le chant des oiseaux, aucun coup de klaxon, aucun vrombissement de moteur, le plus gros de la circulation est assuré par les nuages sur la cime des montagnes environnantes... Bon, j'ai fumé trop de Qalyan (pipe à eau), le soir, les nuages sont descendus jusqu'au village...

C'est l'une des rares matinées au cours de ce voyage sur la route de la soie où je peux apprécier le murmure de la nature, et c'est vraiment relaxant... Et en Iran, je n'ai que très rarement entendu l'appel à la prière (pourtant, ce ne sont pas les mosquées qui manquent !), à la différence de la Turquie voisine ou du Maghreb... Qu'est-ce qu'ils foutent, les intégristes ?

Dans la journée, j'ai adoré discuter avec les jeunes et jolies étudiantes en excursion, bravant les remontrances de leur surveillante courroucée, et sous leurs foulards réduits au minimum, ce n'était pas une langue de bois qui s'agitait !

Vraiment, j'aime voyager dans ce surprenant et chaleureux pays, et j'espère vous en avoir donné envie !

03 mai 2007

Page 43 : Quand l'Ouest rejoint l'Est

Salam aleikum ! (Bonjour !)

En ce 2 mai 2007, arrivant de Pékin, je me retrouve au même endroit que l'an dernier, venant de Charly... Cet endroit porte le nom fort-à-propos de "Moitié du Monde", la grande place centrale d'Ispahan, en Iran...

Plaisir des yeux, satisfaction du devoir accompli... Ce voyage n'aura pas toujours été facile, traversant pendant 5 mois 9 pays sur 12000 kms : France, Italie, Grèce, Turquie, Iran, puis Chine, Kazakhstan, Ouzbékistan, Turkménistan pour revenir en Iran...

J'ai affronté les froids intenses des hivers continentaux (avec un - 27° à Kars, en Turquie...),
j'ai supporté les chaleurs torrides des déserts et des cités de briques (+ 33° à Boukhara, en Ouzbékistan...)...

Une immersion totale dans un mélange sans cesse renouvelé de cultures, de traditions, de religions, parmi des peuples dont le sens de l'hospitalité n'est pas un vain mot, c'est ainsi que s'est forgée la légende de la route de la soie depuis 2000 ans...

Au sortir de l'Asie Centrale, de retour en Iran, j'apprécie les routes excellentes quasiment sans nids de poule, pouvoir boire l'eau du robinet, fumer une pipe à eau en regardant les couleurs des monuments varier avec la lumière du soleil...

Je ne suis toujours pas fan de la rigueur islamique, qui déguise les femmes en ombres noires, qui empêche de siroter un petit pastaga tranquilos assis en terrasse, mais faire des iraniens un ramassis de terroristes assoiffés de sang et de bombes nucléaires, je persiste à dire que ce n'est que le fait d'ignares et si c'est ce que vous lisez dans les journaux, et ben les journalistes sont des crétins !

Moi, je vais continuer à profiter de ce pays pendant encore une dizaine de jours, remonter vers la mer Caspienne pour ensuite redescendre sur Yazd et Shiraz, au départ de laquelle j'ai trouvé un vol pour Dubai le 15 mai pour 63 euros... C'est pas trop cher, mais si on considère que l'on fait 1220 kms en bus de luxe climatisé pour à peine 8 euros... Bon, les économies que je fais en Iran me permettront d'adoucir la facture une fois rentré en Europe...

Koda Hafez ! (Bonne chance !)