14 octobre 2010

Route 1984 :Sur les pas de Jacques Cartier


En effet, le Canada et plus particulièrement le Québec font une grosse campagne de promotion touristique pour célébrer le 450ème anniversaire du voyage de Jacques Cartier en ce qui s'appelait alors la Nouvelle France... De quoi faire rêver un djeune de 20 piges ! Mais comment prévoir un voyage dans un pays aussi vaste ? Je n'achète donc qu'un billet d'avion ainsi que ma nuit d'hôtel à l'arrivée, faisant confiance à mon inspiration et aux opportunités de voyage pour la suite... L'avion n'avait pas déjà franchi la dorsale atlantique que déjà mes voisins m'avaient invité chez eux... Avec ma nuit d'hôtel déjà réservée, j'avais l'air d'un c.., ma mère !
Montréal... premier contact avec une ville nord américaine, ses buildings, ses rues tirées au cordeau, son gigantisme... et la frontière officieuse mais bien réelle entre la partie anglophone et la partie francophone, avec accent ! Tabarnak ! Ça m'est arrivé de ne pas comprendre un traître mot de ce que me baragouinait mon interlocuteur, surtout quand il y mettait une bonne dose de joual, le dialecte québécois directement issu du français du XVIème siècle !

Bon, à un étudiant avec peu de moyens (pléonasme), quand on lui promet de traverser tout ce pays continent pour 99 piastres (dollar canadien), comment résister à l'appel pressant de la route ? Mon billet en poche, me voici parti pour plusieurs jours de bus, dont 36 heures à traverser des forêts parsemées de lacs, 24 heures à travers une plaine céréalière immense où les silos aux couleurs vives sont les seules montagnes, et encore 24 heures pour franchir la majestueuse chaîne des Rocheuses... Et tout ça en chauffant (conduisant) le jour comme dans la noirceur (la nuit), les conducteurs se succèdent au volant du bus...

Quand j'ai les fesses bien tannées, je décide de faire un arrêt dans les montagnes, vers Banff et le lac Louise aux somptueuses couleurs pastels... Je découvre aussi les auberges de jeunesse forestière, qui sont fermées durant le jour, et dont les toilettes (un trône rudimentaire sur un trou...) et la douche (en prise directe sur l'eau glacée du torrent !!!) sont éparpillées à l'écart du bâtiment principal... Certains ont dû y prolonger leur séjour plus que prévu pendant qu'un ours rodait aux alentours... Moi, je suis tombé nez à truffe avec un puma au cours d'une de mes balades, mais on n'a pas eu le temps de s'échanger les adresses !
Voici enfin Vancouver, la chanson de Véronique Sanson trotte sans relâche dans ma caboche, à l'inverse des bus de ville, qui sont en grève totale et illimitée depuis plus de 6 mois ! Les habitants se sont donc convertis à l'autostop, qui fonctionne très bien dans cette ville à la taille humaine, blottie au bord de l'océan Pacifique au pied des sommets enneigés de la chaine côtière...

Pour terminer cette folle traversée en beauté, il faut faire un feu de bois sur la plage de Tofino, à l'ouest de l'île de Vancouver... Grandiose ! Ici, le Pacifique déverse sur la plage entrecoupée d'îlots rocheux des troncs d'arbres blanchis par le sel, rien n'arrête l’œil de l'aigle qui vole face à la Chine et au Japon par delà les flots... Ce pays est tellement vaste que l'esprit s'habitue à la démesure ! Pour ce faire, on a formé un équipage bien hétéroclite, avec un québécois, un suisse allemand, un tunisien et moi... Tous réveillés par l'arrosage automatique du square où l'on passait la nuit en attendant de pouvoir louer une voiture !

J'ai encore le prospectus du gouvernement « Vous êtes au pays des ours », qui me laisse un peu perplexe quand il donne pour consigne de grimper aux arbres pour échapper à ces charmantes bestioles, premièrement parce que les ours grimpent aussi aux arbres, et deuxièmement parce que les premières branches des pins Douglas sont en moyenne à 20-25 mètres de hauteur !
Reste la magie des Totems amérindiens, une splendeur qu'ont développées les tribus côtières pour rendre hommage à leurs ancêtres et aux esprits de la mère Nature...

Après avoir fait le trajet dans un sens, et bien c'est reparti dans l'autre sens, en un mois j'ai du parcourir pas moins de 16 000 kms dans ce pays, cette fois je me dirige vers la Belle Province, plus près des pérégrinations de Jacques Cartier et de Samuel de Champlain qui ont fondé cette belle ville de Québec là où le fleuve se rétrécit (« Kebec », en algonquin)... Les touristes viennent de loin pour se balader dans ces ruelles pavées d'un autre temps ou sur la terrasse du château Frontenac surplombant le fleuve...

En longeant la rive sud du fleuve Saint Laurent, j'accompagne les voiliers de course qui partent pour la première transat Québec – Saint Malo. Mais je reste en Gaspésie, baignée par les eaux froides de l'océan Atlantique. Le courant du Labrador vient du nord, à l'inverse du Gulf Stream qui arrose l'Europe, voilà pourquoi les rhododendrons abondent en Écosse alors que la neige s'accumule en hiver dans la Baie des Chaleurs (!) et sur le Rocher Percé près de Gaspé... Pour compenser la rigueur du climat, l'accueil chaleureux des québécois ne se dément pas, notamment pour les « cousins » de France à l'accent bizarre...

C'est à Tadoussac que je fais mon premier safari « Baleines ». C'est en Zodiac que je vais admirer les plus gros animaux du monde, les rorquals bleus, 30 mètres de long qui glissent sous le frêle canot pneumatique, voilà un souvenir extraordinaire qui ne me quittera plus jamais ! Quand j'ai raconté ça à mon grand-père, il m'a répondu : « cétacé, disait la baleine, je me cachalot »...
J'aime ce pays !

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