Route 1988 : à moto, enfin !
Ayant laborieusement obtenu le sésame
rose (avec moult leçons mais au premier essai quand même!), j'ai
aussi laborieusement acquis mon premier Cheval de Fer 3 ans plus
tard... Pour 3000 francs, j'acquiers une Honda CB 650 flambant pas
neuve à laquelle il me faut trouver un pot d'échappement à prix
petit motard... Je trouve dans la Drôme un pot 4 en 1 de
piste, donc bien sûr non homologué, mais ça fait bien l'affaire à
500 francs, et l'illusion durera aussi longtemps que les quelques
morceaux de polystyrène dans le tube final !
Reste à trouver une assurance moins
chère que ce fier destrier, ce qui élimine d'office les assureurs
se prétendant spécialistes en moto (je me rappelle encore des 9000
francs demandés par la Mutuelle des Motards pour une assurance au
tiers !), c'est auprès d'une banque qui se lançait alors sur le
marché des assureurs que j'obtiens un tarot de 3450 francs grâce à
mes 3 ans de permis...
A moi donc les chevauchées sauvages
sur les rubans d'asphalte serpentant dans les vertes collines, à
flanc de montagne ou au milieu des champs, cette énOrme sensation de
liberté au contact de la nature, de ses odeurs, de la pression du
vent et des rencontres passionnées, violentes avec tout ce qui
bourdonne, virevolte, papillonne à tout va ! J'opte rapidement
pour le casque intégral (heaume, sweet heaume !) après quelques
impacts sanglants et autres piqures dans le cou...
Tel l'Easy Rider solitaire se dirigeant
vers le soleil couchant, je fourre régulièrement quelques affaires
dans un sac enroulé dans un sac poubelle (le top-case français !),
ligoté sur la selle avec des tendeurs, histoire de faire plusieurs
centaines de kilomètres pour aller boire des canons et coucher sous
la tente (ou à côté...) avec d'autres fondus de bécanes, pas
sectaires mais toujours de mauvaise foi, ça s'appelle des
concentres...
En septembre, direction le Sud, je
retrouve quelques « blousons noirs » le week-end du Bol
d'Or pour se rendre sur le circuit du Castellet, si, si, j'vous jure,
Le Castellet, c'était aussi un circuit pour les motos, pas ce que
c'est devenu aujourd'hui avec une bande d'abrutis caisseux snobinards
de mes deux ! Excuses au conducteur de la voiture qu'on a
encerclé au milieu de la nuit sur l'autoroute en faisant frotter les
béquilles dans des grandes gerbes d'étincelles...
Après avoir posé la tente, ayant
tordu toutes les sardines sur le sol dur comme du béton, les clous
de charpentier font merveille, je fais le tour du circuit (à pied)
pour voir inlassablement tourner les équipages, hypnotisé par les
trajectoires, les angles, les ré-accélérations, le tonnerre
mécanique et ses rugissements... Avec les poteaux, on fait la pause
en allant becqueter en bord de mer à Bandol, en faisant gaffe car la
route est piégeuse, surtout si on force sur les apéritifs anisés
avant le rosé local, y'en a qui ont essayé, ils ont eu des
problèmes...
Les heures tournent et l'obscurité
venant le rythme ne s’essouffle pas, les tours défilent dans le
faisceau des phares, jusqu'au cœur de la nuit où un gigantesque
orage interrompt momentanément la compétition (j'aurais jusqu'à 20
cms d'eau dans la tente!) et alors seulement le plus dur reste à
faire, passer le petit matin et tenir jusqu'au bout de la course de
pas tout à fait 24 heures, parce que le public enthousiaste envahit
la piste avant la fin de ce Bol d'Eau(r) !
Retour par la Route Napoléon, parce
que c'est quand même plus fun que l'autoroute, à suivre mon frangin
sur son « Quat'Pattes », j'améliore mes propres
trajectoires, jusque-là assez... généreuses !
Et puis ça fait plaisir d'enrhumer
quelques kékés sur leurs bolides neufs qui « montent à 300 »
(sur l'affiche dans leurs piaules!)... Ils ne sont pas joueurs, alors
qu'on se fout ouvertement de leur tronches (on est sur la route de
Grenoble, les locaux comprendront...).
Etre libre sans être tête brulée,
pour le plaisir de rouler, je vais me régaler pendant environ 200
000 kms avec mes 4 motos dans la vingtaine d'années suivantes, de
l'Espagne à la Norvège, de l'Italie à l'Irlande...
1 commentaires:
Ke d histoire! Ke d aventure! Ke de péripéties! Vive les prochaines aventures à lire ou à se faire raconter kan on a la chance de le rencontré:) bon vent sur le voilier Marielle
Enregistrer un commentaire
Abonnement Publier les commentaires [Atom]
<< Accueil