12 juin 2021

Road-trip marocain

Road-trip marocain, février2020



C'était il y a très longtemps, dans une galaxie lointaine...

Heu, ben non, en fait, en février dernier, j'ai répondu à l'invitation d'un ami-de-presque-quarante-ans, Omar, et je me suis envolé pour Marrakech, au Maroc, à trois heures de Lyon...



Les avions vus des jardins de la Ménara, à Marrakech.

Je perds 15° en latitude mais je les rattrape en température, et ça, comme les rayons du soleil d'hiver, c'est bon pour le moral !


Pour le bien-être du muscle du milieu, la maîtresse de maison me régale de soupes bien roboratives, de succulents tajines et de couscous raffinés, de pâtisseries un tantinet énergétiques et de crêpes parfumées à l'huile d'argan...
Avec les superbes citrons du jardin, c'est aussi l'heure des premières fraises !


Je profite des relations de mon ami pour me faire refaire chez un tailleur des pantalons sur mesure, dans de beaux tissus, sur un modèle acheté en Iran il y a douze ans dans un bazar de la route de la soie...


Vingt ans après mon dernier passage dans la quasi-millénaire ville ocre, les remparts se sont refait une beauté mais ne suffisent pas à contenir le tourisme de masse, je renonce à visiter le jardin Majorelle devant l'affluence des touristes et pars me perdre dans le dédale des ruelles du souk de l'antique médina...

Si je devais me loger dans la vieille ville, je tâcherais vraiment de savoir si l'adresse est facile à trouver et retrouver, dans ce labyrinthe enchevêtré aux innombrables impasses tortueuses (et sans pancartes!)...

Heureusement, j'ai un bon sens d'orientation !

Les boutiques hétéroclites du souk de la Médina.

Bon, je ne veux pas abuser de l'hospitalité de mes hôtes, et je ressens l'appel irrépressible du Sud...


Pour cela, je dois franchir la barrière montagneuse du Haut Atlas qui se dresse à une trentaine de kilomètres de Marrakech dont les sommets (à plus de 4000 m) portent un chapeau enneigé...


Or, les deux principaux cols routiers à proximité sont tous à plus de 2100m d'altitude, mais comme je ne veux pas faire le détour par la côte via l'autoroute, je vais tenter ma chance !
Direction sud-ouest via le Tizi n'Test (2100m) par une superbe route de montagne, qui dévoile de majestueux points de vue à chaque virage...

Pas de neige, peu de circulation, heureusement parce que la route est étroite et la descente de la face sud sur la plaine de Taroudant est particulièrement abrupte !


C'est dans la ville fortifiée de Taroudant que je trouverais babouche à mon pied, en cuir rouge, confortable et légère...

Mon hôte m'y fera visiter le grand marché hebdomadaire et, à ma demande, m'amènera chez son marchand d'huile d'argan artisanale (j'en achète 2 litres), J'adore le petit goût de noisette de cette huile aux reflets d'or !



Je me dirige maintenant vers le Moyen Atlas et la ville aux rochers colorés de Tafraoute, avec au passage quelques dromadaires friands des noix d'arganiers, comme les chèvres qui grimpent dans ces arbres, et des ksars qui attestent d'un passé agité, quand il fallait se protéger des razzias des tribus nomades du désert proche...


Tafraoute est au cœur d'un univers minéral magnifique, quelques rochers de Ploumanach' sont venus en villégiature dans les environs et un artiste hollandais s'en est servi pour en faire une œuvre de Land Art aux couleurs vives (voir photo dans un message précédent)...
Village fortifié.

Le véritable artiste de la région reste toutefois la Nature, qui expose son œuvre à ciel ouvert dans ces montagnes creusées de canyons aux falaises escarpées, aux formes torturées par les forces telluriques, un paradis pour géologues !

Dans cet environnement brut, le gel nocturne affronte la fournaise du jour et les oueds font jaillir des oasis exubérantes au fond des vallées où les villages se confondent avec les roches alentours...
Vallée du Moyen-Atlas.
Bon, même si le goudron progresse partout au Maroc, pour ressortir de la vallée c'est une piste rocailleuse où surnagent quelques pâles réminiscences d'un ancien revêtement, qui mettent à mal les pneus déjà bien fatigués de ma voiture de location (un point que j'ai oublié de vérifier en profondeur au départ)...


Je dois changer un pneu le lendemain, heureusement que je suis au Maroc, je m'en sors pour 30 € (que l'assurance supplémentaire aurait dû couvrir, mais bien sûr c'est encore une arnaque!) et je continue ma route, plein est, en direction du roi des déserts, j'ai nommé le Sahara...


C'est là qu'on se rend compte que le Maroc est un grand pays et qu'il faut bien quelques panneaux de : « attention ! traversée de dromadaires » pour égayer une certaine monotonie dans les paysages tout au long de ces 1000 kms...


Parfois, une brèche dans le relief laisse apercevoir une vallée cachée...
Une apparition dûe au génie de la route qui aurait frotté sa lampe au passage de mon tapis magique !
On croit d'abord à un mirage, mais non, ça mérite bien un virage !


Vallée magique,

Parvenu dans la vallée du Draa, à mi-parcours de ce marathon vers le sable, c'est à la dune de Tindouf que je foule aux pieds (et aux pneus) ces majestueux tas de poussière minérale...

De là, il ne restait que 38 jours de dromadaire pour rejoindre Tombouctou, plein sud, mais aujourd'hui c'est une zone de guerre...

La dune de Tindouf.


Je retourne sur le goudron pour rejoindre l'erg Chebbi, à un jour de voiture vers l'est, vers Merzouga...

Il y a vingt ans, il n'y avait qu'une maison au pied des gigantesques dunes mordorées, au bout de la piste qui suivait les poteaux de la ligne électrique, et le téléphone mobile ne se captait qu'au bout d'une perche de 3 mètres sur le toit de l'auberge !

Aujourd'hui, le goudron arrive au pied des dunes où se pressent quelques 400 hôtels, tous avec le wifi...

Pour le petit parfum de l'aventure, il faut donc aller plus loin, pas trop parce que ma voiture n'est pas un 4x4 et mes compétence de berbère plastique ne m'empêcheront pas de m'ensabler...

Mais l'honneur des hommes du désert est toujours d'actualité et je suis immédiatement (et gracieusement) dépanné par un touareg en mobylette qui passait par là... La tradition est respectée !

Je poursuis donc mon envie de sable chaud dans ce que j'appelle le « désert brûlé », vu la couleur caractéristique des dunes...

Le désert brûlé au sud de Merzouga.


Ici, le silence environnant permet presque d'entendre l'écoulement des grains de sable poussés par le vent... Les dunes sont les vagues de la gigantesque mer de sable qui ondule à perte de vue...


Pourtant, les chotts (lacs salés asséchés) ainsi que les nombreux fossiles, que l'on trouve à foison ici, témoignent de la présence de l'eau en abondance il y a mille et une nuits...


Le Sahara, roi des déserts, continue d'avancer, imperturbablement, alors que dans le même temps les glaciers reculent, c'est le yin et le yang de la respiration planétaire !


Il n'est pas rare que le vent du sud, qui se charge d'humidité au dessus de la Méditerranée, se déleste d'une pluie jaunâtre dans tout le sillon rhodanien, ça assure du travail pour les laveurs de carreaux et les marchands d'essuie-glaces !


Certains de ces petits grains de sable iront jusqu'aux dunes de Maspalomas aux Canaries, et, portés par les alizés, atterriront même en Amazonie, par delà l'océan Atlantique, un voyage de plusieurs milliers de kilomètres ! Sacrée plage !



Après la mer, la montagne, il est temps de revenir dans le Haut Atlas...


Je reprends donc la route, peut-être avec un peu d'entrain puisqu'une jolie brunette me gratifie d'un petit mot doux à 15€...

Je rejoins les gorges du Todra, et même si l'urbanisation galopante gâche les premiers kilomètres, au point de masquer entièrement l'oued, une fois passé le défilé les touristes s'évaporent, laissant la place aux chèvres gardées par les enfants, aux femmes qui marchent courbées sous de lourds fardeaux pendant que les hommes se déplacent à dos d'âne...

Je tente alors d'emprunter une piste qui me faisait rêver depuis mon premier passage dans la région il y a 33 ans, qui permet de relier la vallée du Todra à celle du Dadès, passant par le Tizi n'Wato à 2800 m...



En piste vers le Tizi n'Wato...

Réchauffement climatique oblige, même à cette altitude la neige est rare, et il vaut mieux ne pas s'engager sur la piste par temps de pluie (de plus en plus rare, aussi) parce qu'on progresse souvent dans le lit (très) caillouteux des oueds...

« Qui va lentement, va loin », vieux proverbe berbère, il me faudra bien 4 heures pour parcourir la trentaine de kilomètres de caillasse dans un paysage grandiose alternant entre passages encaissés et perspectives infinies, pour le plaisir des yeux en espérant que les pneus tiennent, et que le moteur ne chauffe pas trop !
C'est avec un soulagement certain et le sentiment du devoir accompli que je rejoins le goudron dans la haute vallée du Dadès à la tombée de la nuit, la première auberge est la bonne !

Le lendemain, pour le plaisir, je rejoins le Tizi n'Wano à 3200 m, en plein mois de février, la piste à flanc de montagne est ouverte, c'est dingue ! Je domine même les sommets environnants couverts de neige... Il ne faut pas regarder en bas si on a le vertige !

Je reviens vers la splendide vallée du Dadès, avec ses vergers d'altitude, ses canyons grandioses et ses gorges ciselées au scalpel, pour déboucher sur les roches en « doigts de singe » selon le nom localement mondialisé...



Les rochers du Dadès.

Après une brève incursion dans la vallée des roses, mais ce n'est pas la saison de la floraison (en mai) et le jour baisse déjà, je rejoins Ouarzazate (et mourir...).

La grande route, au trafic dense (j'en avais perdu l'habitude!) passe de ksar en ksar disséminés dans une palmeraie avec la chaîne de l'Atlas en toile de fond...

Peu avant de rejoindre le Hollywood marocain, je suis attiré par la lumière d'un puissant phare : il s'agit en fait de la plus grande centrale solaire d'Afrique !




La centrale solaire Noor (580 Méga Watts).
C'est jour de repos aujourd'hui, au programme : un lavage approfondi pour la voiture et une visite nécessaire chez un barbier berbère pour moi !

Le reste de la journée se partage entre un peu de lecture, quelques thés à la menthe et l'observation de ce qu'il se passe dans la rue, partout dans le monde c'est une occupation à plein temps ! Ce soir, c'est couscous...

Le ksar d'Aït Ben Haddou.
Retour sur Marrakech aujourd'hui, via la forteresse d'Aït Ben Haddou, assez tôt le matin pour éviter la foule qui s'agglutine dans tous les endroits classés au patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco...

Une route goudronnée rejoint le Tizi n'Tichka à 2260m, sur l'axe principal reliant Ouarzazate à Marrakech, en passant par une magnifique vallée. Elle remplace une piste dantesque qui m'avait pris 7 heures en Fiat Panda (normale, pas 4x4 !) il y a 20 ans (les anglais en Land Rover rencontrés ce jour n'ont jamais voulu croire que j'étais passé par là !)...

De retour chez mon ami-de-presque-quarante-ans, ce dernier m'accompagne pour une visite inédite de ce qu'il reste de la grande palmeraie, puis un tour des environs de la ville ocre (ses terrains vagues, ses chantiers, ses décharges, ses embouteillages...).

Tout ça pour faire un tour dans ma Citroën de location, alors que je la rends avec des pneus usés jusqu'à la toile, après une boucle de 3300 kms ! Il faut que je refasse le plein... J'en profite aussi pour acheter en pharmacie quelques boites de médicaments, c'est moins cher que le reste à payer en France, après le remboursement de la Sécu et de la mutuelle !

Pour ma dernière soirée, j'aurais bien voulu déguster une pastilla, sorte de tourte à la viande de pigeon, cette bestiole qui chie partout sur vos pompes, mais on n'en trouve plus, donc je me rabats sur un tajine de poulet au citron... Miam aussi !

Survol des Pyrénées.
Voilà, à un mois près, j'aurais été obligé d'acheter un riad à Marrakech pour passer ma période de confinement, quelque part il y a très longtemps, dans une galaxie lointaine...

27 janvier 2014

Deuxième route 1989 : Québec, je me souviens

Je profite des relations privilégiées de ma fac lyonnaise avec l'université de Montréal pour organiser mon stage en entreprise chez les «cousins» d'outre-Atlantique, 3 mois en francophonie américaine, un bonheur auquel la devise de l'état du Québec s'applique parfaitement : «je me souviens»!

Je débarque ainsi dans le service des Ressources Humaines de la S.A.Q. (la Société des Alcools du Québec - ça ne s'invente pas !), stagiaire, pas payé mais nourri gratuitement à midi, j'ai vite sympathisé avec le chef cuistot et ses "spécial du jour"!
J'ai donc fait un micro-crédit pour payer ma coloc' et mes frais de voyage, parce que je compte bien profiter de mes fins de semaine pour sillonner la Belle Province...



En été, dans tout le Canada fleurissent les fleurs et les festivals, et donc aussi dans la cosmopolite métropole de Montréal et l'historique ville de Québec, humour, jazz, cinéma...
L'un de ces festivals les plus populaires, aux manifestations multiples «in» et «off», c'est le dorénavant célèbre festival «Juste Pour Rire» au cours duquel mes zygomatiques tressautent avec allégresse lorsque Gustave Parking se métamorphose en mouche, bbbzzzz!!!
C'est durant le festival «Jazz à Montréal» que j'applaudis Pat Metheny qui joue gratuitement devant 100 000 personnes en plein centre ville au pied des gratte-ciels et des shopping-centers où tout le monde va magasiner... Et c'est bien rare s'il ne se passe rien rue Ste Catherine, notamment à l'excentrique caf'conc' des Foufounes Electriques...
Plus tard, coup de bol, je ne loupe pas l'occasion de voir mon groupe de rock progressif favori de tous les temps, Yes ! Ils étaient passés à Lyon en 78 mais je n'avais pas eu l'autorisation de «Going for the one» à cette époque...
Je profite du festival international de cinéma pour aller aux vues, je me souviens notamment de «Nocturne Indien» d'Alain Corneau et de «Beignets de tomates vertes» de Jon Avnet...
Ce sont aussi les festivals culinaires que je rencontre inopinément lors de mes balades dans la campagne québécoise, que ce soit des bleuets (pour les succulentes tartes à la myrtille...), du sirop d'érable, du saumon de rivière, bienvenue ! Avec plaisir!

Mes pérégrinations m'amènent dans la vieille ville de Québec, fondée par Champlain en 1608, dont les fortifications et l'immense château Frontenac dominent la vieille ville et le fleuve St Laurent (la rivière comme ils disent !). J'adore me balader au milieu des maisons de granit et des ruelles pavées de la seule ville fortifiée d’Amérique au nord du Mexique, sans oublier la promenade Dufferin au pied du chateau-hôtel Frontenac, depuis laquelle la vue est juste splendide...

Je n'ai pas assez de sous pour louer et chauffer un char (conduire une voiture), alors quelques coups de pédale (ben oui, à vélo !) m'amènent au pied de la majestueuse chute Montmorency et j'arrive ainsi sur l'ile d'Orléans au relief reposant de douces collines vertes parsemées de maisons de bois colorées aux tons pastels, même pas maganné (fatigué)...


Je retourne en Gaspésie, jusqu'à l'Auberge de Jeunesse de Pointe-à-la-Garde sur la Baie des Chaleurs (et
pourtant, kriss que l'eau de l'Atlantique Nord y est froide !). Cette AJ m'avait laissé un tellement bon souvenir il y a 5 ans et a failli fermer l'année d'après pour des problèmes de mise en conformité, il fallait que j'y retourne, malgré la distance (2000 kms AR cette fin de semaine !).
Le patron, Jean, m'y accueille... dans un château qu'il construit en bois avec les subventions que lui verse l'état pour replanter les arbres qu'il a coupé pour la construction de son édifice (!)... Veillée tard, n'empêche, la (courte) nuit passée dans un lit king size qui occupe toute la largeur de la bow window avec vue imprenable sur la forêt fût bonne en maudit...

Je passe sur la rive nord de l'estuaire du St Laurent pour observer les baleines bleues à Tadoussac, en zodiac pour un contact encore plus privilégié... Ce sont des rorquals bleus, les plus grandes baleines existantes (pouvant dépasser 30 mètres de longueur et 170 tonnes !) qui viennent se gaver de plancton microscopique piégé à cet endroit précis par le courant du fleuve à la confluence de la rivière Saguenay...
Un spectacle magique où l'émerveillement s’accroît au fur et à mesure que la distance au cétacé décroit, je me cache à l'eau, l'émotion est amplifiée par la petite taille de notre embarcation gonflable au ras des flots...
Un souvenir impérissable lorsque l'une d'entre elles plonge juste sous le zodiac, moi à la proue je vois défiler de très près les 30 mètres du mastodonte, tabarnak, s'il lui prend la fantaisie de donner un coup de queue, sûr que notre canot serait projeté en l'air, mais, et ça m'impressionnera toujours, ces géants des océans évoluent avec une telle grâce et une telle précision dans leur milieu et respectent ceux qui les admirent... Tout comme les indiens qui vivent autour du lac St Jean...

Je passe dans l'état voisin de l'Ontario pour visiter le parc des «1000 Iles» et ses petites "cabanes au
Canada" sur leurs îlots respectifs, en passant par la capitale fédérale, Ottawa et son escalier d'écluses. La région a été rabotée par les glaciers, laissant un relief aplati et tout en rondeur où les clairières de la gigantesque forêt sont occupées par d'innombrables lacs et rivières à castor...

Même pas peur, c'est en faisant du stop sur l'autoroute et en jouant au chat et à la souris avec ces tarés de cops (les flics de la route qui ont trop regardé Starsky et Hutch) que je rejoins la «Grosse Pomme» (Big Apple), c'est à dire New-York, toujours aussi active qu'une fourmilière en ébullition, surtout vue d'en haut des Twins Towers, à l'issue d'une montée en ascenseur qui doit pourtant faciliter les descentes d'organes ! Ville de contrastes, excessive, violente, électrisante, généreuse, mon coup de cœur de la côte est des USA ne se dément pas, fût-ce le temps d'un week-end... (J'ai à nouveau le droit de parler franglais, je me suis éloigné de l'exception culturelle québécoise !)

Je retourne à Montréal avec un Haïtien qui parle en joual (dialecte québécois directement issu du vieux français) mâtiné de créole aux accents antillais... Rigoureusement incompréhensible !!!
Restent les bonnes vibrations de Bob Marley, oooh yeeaah !...


Ma dernière virée se passe dans les Laurentides où les arbres commencent à se parer pour l'été indien en un
festival de couleurs chatoyantes, aux teintes chaudes qui contrastent avec les températures de plus en plus froides...
Les orignaux et les ours blancs racontent qu'au Canada, il y a 2 saisons: le mois d'Août et l'Hiver, c'est un peu exagéré mais si l'homme blanc coupe du bois, c'est que l'hiver sera rude (vieille blague Huron) !


Bref, ce fût un stage de fin d'étude inoubliable, grandiose ! J'ai sorti un rapport de droit comparé franco-québécois bien juridique bien chiant mais bien noté pour obtenir mon Diplôme d’Études Supérieures Spécialisés en Relations Sociales du Travail, avec une expérience à l'international, tout ce qu'il faut pour décrocher un bon job quelques mois plus tard...

Première route 1989 : premiers pas en Asie, la Thaïlande (via le Bangladesh)

Trois petites semaines pour évacuer le stress lié à la préparation et au passage des examens, avant mon stage en entreprise de fin de cycle (un Doctorat d’Études Supérieures Spécialisé en Sciences Sociales du Travail, ouah, ça pète un max!), pour redevenir zen, je vise l'orient, et plus particulièrement la Thaïlande...

Vite chez Nouv'...Front'... pour acheter le premier vol sec à tarif étudiant, faut pas rêver, je me retrouve comme une sardine dans le seul avion capable de voler de la Biman Airways (les 2 autres servent de stock de pièces détachées!) et Bang, la dèche !
A Dacca, je me retrouve désigné volontaire pour céder ma place à un plénipotentiaire qui doit se rendre à Bangkok, débarqué malgré mes protestations dans le hall de l'aéroport... un tas de ruine, une dalle de béton rongée par les moussons soutenue par de maigrelets piliers laissant entrevoir leur squelette de ferraille rouillée (suffisant pour dissimuler la foule famélique des bengalis, et ce sont les mieux nantis qui fréquentent un aéroport !...

On me pousse dans un taxi, la compagnie m'héberge pour la nuit (encore heureux!) dans un palace de la ville... d'un coup, le quartier des Minguettes au sud de Lyon m’apparaît luxueux en comparaison avec ses grandes barres d'HLM ! D'autant que je n'ai pas le droit de sortir, l’hôtel est barricadé avec une énorme grille gardée par un vigile armé, joie et bonheur !
Le repas est le même que celui servi dans l'avion, poulet et riz, le poulet gros comme un poussin et les grains de riz cuit aussi gros que le riz cru ailleurs... La télé visqueuse distille un unique programme dégoulinant dans la touffeur de la mousson approchante qu'un ventilateur poisseux ne parvient pas à rafraîchir...

C'est donc soulagé que j'arrive à Bangkok le lendemain, il ne me reste plus qu'à rejoindre mon hôtel... pas de métro à cette époque, un premier bus (bondé) me permet de rejoindre un autre bus (surchargé) pour se rapprocher du centre ville dans une circulation anarco-anarchique, enfin un énorme embouteillage bordélique hyper pollué...

Du centre, je prends enfin un taxi (j'aime pas les taxis!), je suis ma progression sur le plan de ville (merci les panneaux traduits en anglais et mon sens de l'orientation!) jusqu'à voir la pancarte de l'hôtel... Mais qu'est-ce qu'il me fait ce bouffon de taxi ? Il part dans la direction opposée ! Depuis mon départ, j'ai épuisé ma réserve de zénitude, je sors un schlass-façon-Rambo de mon sac (quand je voyage seul, je ne le met jamais dans le coffre) et je lui caresse la glotte, c'est vachement efficace ! Pas de pourboire, ni de supplément pour le détour, qu'est-ce qu'elle est bonne la bière Singha bien fraîche sirotée dans le jardin luxuriant de la maison en teck où je me pose enfin !

Ce qu'il y a de bien en Thaïlande, c'est qu'il y a un bon réseau de train, par lequel je vais remonter le long de l'histoire des capitales du royaume du Siam, Ayutthaya, Lop Buri, Phitsanulok, Sukhotaï, jusqu'à la perle du nord, Chiang-Maï...
Je passe d'un palace impérial à un temple bouddhiste avec l'agilité d'un singe virevoltant entre les statues recouvertes de soie dorée. Les fleurs rougeoyantes des flamboyants resplendissent sur fond de gros nuages noirs de la mousson d'été...

Ciel bleu le matin au dessus de mon bol de thé, gros nuages blancs vers midi qui se reflètent dans les rizières miroitantes, et grosse pluie le soir qui rend l'usage d'un parapluie tout à fait superfétatoire... Heureusement on sèche aussi vite qu'on est trempé, avant de déguster une salade de papaye verte et un Khao Phat Kaï (riz frit au poulet) !
Chiang Maï, c'est la douceur de vivre, bien loin de la frénésie de Bangkok, l'odeur des hibiscus , les somptueuses orchidées et la magie des grands éventails en papier de soie peints de couleurs éclatantes...

A cette époque, c'est aussi une sorte de ville frontière, plus au nord on se rapproche du Triangle d'Or et du trafic d'opium, et plus au nord encore il y a la Chine qui est secouée par les évènements de la place TienAnMen (souvenez-vous de cet étudiant faisant face à un char d'assaut!).
Je m'inscrit quand même à un trek dans les tribus des montagnes environnantes, trois jours particulièrement riches en émotions...

Ça commence par le franchissement d'un pont de 50 m en bambou suspendu : à franchir 2 par 2, sans s'arrêter sinon c'est le pendule assuré pendant de longues minutes au dessus d'une rivière bouillonnante...

Puis on grimpe dans la montagne sur une sente à travers une jungle particulièrement emberlificotée sous une chaleur écrasante et un taux d'humidité torrentiel, avec le paquetage sur le dos, j'ai payé pour faire la légion étrangère ?!
Arrivé le soir dans un village Hmong des hauts plateaux, enfin un peu de fraîcheur, où surnagent les volutes âcres des pipes d'opium...

Pour ne pas mourir idiot, on peut essayer... Jusqu'à ce que notre guide-interprète nous informe que le vieillard décharné à la peau parcheminée qui enchaîne pipe sur pipe en face de nous n'a que... 30 ans ! Ça me coupe direct l'envie ! Le fun des paradis artificiels oui, l'auto-destruction non ! Le wok de légumes et lamelles de porc sauté préparé par nos hôtes est vachement plus engageant...

Le lendemain, on redescend rejoindre un camp d'éléphants qui travaillent à déboiser la forêt et qui se reposent en trimballant des touristes ! Juchés à 2 sur un palanquin en teck (sans ceinture!) à 3 m de haut, les pieds sur les poils éparses du haut du crâne du pachyderme, on déambule nonchalamment sur une piste jusqu'à ce que survienne une descente assez raide... Je vois l'éléphant qui nous précède s'accroupir sur ses pattes arrières et se laisser glisser en contrebas, avec ses passagers hurlants comme dans un manège de fête foraine ! Et pas le temps de faire autrement, c'est notre tour, tout schuss à dos d'éléphant ! Waooh !

La balade se poursuit en radeau de bambou sur une rivière tranquille, sauf que chaque fois qu'on remue, une multitude d'araignées, d'insectes et de cafards émergent des troncs, pas dangereux mais pas follement romantique ! On termine la journée dans un lodge au bord d'un lac, coucher de soleil d'un rouge communiste mélangé d'un jaune mandarin... Je décline la soupe de cafards pourtant préparée consciencieusement par le cuistot qui a délicatement arraché les 6 pattes de chaque blattoptère, préférant piquer une tête dans le lac après un massage thaï traditionnel (je ne savais pas que j'avais autant d'os à craquer!)...

Après cette aventure, redescente express en bus de nuit vers les plages du sud de la Thaïlande (la nuit, on se rend moins compte de la multitude d'accidents auxquels on échappe ! ). J'ai de la chance, la vidéo du bord ne diffuse pas que ces sempiternels films de boxe thaï ultra-violent, mais aussi le fameux western de Sergio Leone, « Le Bon, la Brute et le Truand », en version thaï, je suis mort de rire à voir Eli Wallach, Lee Van Cleef & Clint Eastwood baragouiner en siamois !

Passé Phukhet, j'arrive au port de pêche à la crevette de Krabi, je me dirige vers les falaises karstiques de Phang Nga transpercées de multiples grottes, et la mer d'Andaman hérissée de pitons rocheux comme sur Ko Khao Phing Kan, l'île de l'homme au pistolet d'or, Bon, j'aime Bon...

Une barque de pêcheur me dépose sur un paradis tout juste découvert, Koh Phi Phi, je dois enjamber une dizaine d'embarcations disparates avant de fouler le sable fin d'une blancheur éclatante de l'île papillon, à peine une dizaine de bungalows sans électricité se prélassent à l'ombre des palmiers et une abondance de poissons frais et crevettes grillées sont au menu...
Le port est un aquarium tropical naturel, la plage sur l'autre rive est paradisiaque, on y a pied dans une eau chaude turquoise pendant au moins 300 m et les hirondelles virevoltent silencieusement d'une falaise à l'autre...
Tout ça, c'était avant le tourisme de masse...

Je change de façade maritime pour me retrouver dans le golfe du Siam, à Koh Samui, explorant l'île à moto avec une japonaiserie de 110 cm3 qui monte à 100 km/h avec des pneus de vélo, ça tangue parfois entre les nids de poule et les ornières... Je me régale de plongées avec masque et tuba, une eau à 28°, ça ne se refuse pas ! (ni une noix de coco fraîche !)


Et ben, mes 18 jours au pays du sourire se terminent par un tour sur le marché flottant de Damnoen Saduak, arrivé de bonne heure avant la meute des cars de touristes quand les Thaïs y font leurs emplettes au ras de l'eau... Bien sûr que j'embarque sur une barque, ça fait se gondoler toutes les gondolières, en thaï, avec vue imprenable sur l'activité de cette fourmilière colorée et bavarde !


Je passe ma dernière journée dans la capitale, au bord de la rivière Chao Praya et de ses klongs (canaux) sillonnés par les "longues queues", ces barques à moteur propulsées par des moteurs de camion avec un arbre de transmission démesuré qui permet de relever l'hélice quand le canot passe sur des radeaux d'algues, des troncs d'arbres, et autres dangers de navigation sur ces eaux boueuses... Je termine ma virée siamoise par la visite du somptueux palais royal avec le temple du fameux Bouddha d'émeraude...

02 mai 2012

Route 1988 : à moto, enfin !


Ayant laborieusement obtenu le sésame rose (avec moult leçons mais au premier essai quand même!), j'ai aussi laborieusement acquis mon premier Cheval de Fer 3 ans plus tard... Pour 3000 francs, j'acquiers une Honda CB 650 flambant pas neuve à laquelle il me faut trouver un pot d'échappement à prix petit motard...  Je trouve dans la Drôme un pot 4 en 1 de piste, donc bien sûr non homologué, mais ça fait bien l'affaire à 500 francs, et l'illusion durera aussi longtemps que les quelques morceaux de polystyrène dans le tube final !
Reste à trouver une assurance moins chère que ce fier destrier, ce qui élimine d'office les assureurs se prétendant spécialistes en moto (je me rappelle encore des 9000 francs demandés par la Mutuelle des Motards pour une assurance au tiers !), c'est auprès d'une banque qui se lançait alors sur le marché des assureurs que j'obtiens un tarot de 3450 francs grâce à mes 3 ans de permis...

A moi donc les chevauchées sauvages sur les rubans d'asphalte serpentant dans les vertes collines, à flanc de montagne ou au milieu des champs, cette énOrme sensation de liberté au contact de la nature, de ses odeurs, de la pression du vent et des rencontres passionnées, violentes avec tout ce qui bourdonne, virevolte, papillonne à tout va ! J'opte rapidement pour le casque intégral (heaume, sweet heaume !) après quelques impacts sanglants et autres piqures dans le cou...
Tel l'Easy Rider solitaire se dirigeant vers le soleil couchant, je fourre régulièrement quelques affaires dans un sac enroulé dans un sac poubelle (le top-case français !), ligoté sur la selle avec des tendeurs, histoire de faire plusieurs centaines de kilomètres pour aller boire des canons et coucher sous la tente (ou à côté...) avec d'autres fondus de bécanes, pas sectaires mais toujours de mauvaise foi, ça s'appelle des concentres...

En septembre, direction le Sud, je retrouve quelques « blousons noirs » le week-end du Bol d'Or pour se rendre sur le circuit du Castellet, si, si, j'vous jure, Le Castellet, c'était aussi un circuit pour les motos, pas ce que c'est devenu aujourd'hui avec une bande d'abrutis caisseux snobinards de mes deux ! Excuses au conducteur de la voiture qu'on a encerclé au milieu de la nuit sur l'autoroute en faisant frotter les béquilles dans des grandes gerbes d'étincelles...

Après avoir posé la tente, ayant tordu toutes les sardines sur le sol dur comme du béton, les clous de charpentier font merveille, je fais le tour du circuit (à pied) pour voir inlassablement tourner les équipages, hypnotisé par les trajectoires, les angles, les ré-accélérations, le tonnerre mécanique et ses rugissements... Avec les poteaux, on fait la pause en allant becqueter en bord de mer à Bandol, en faisant gaffe car la route est piégeuse, surtout si on force sur les apéritifs anisés avant le rosé local, y'en a qui ont essayé, ils ont eu des problèmes...
Les heures tournent et l'obscurité venant le rythme ne s’essouffle pas, les tours défilent dans le faisceau des phares, jusqu'au cœur de la nuit où un gigantesque orage interrompt momentanément la compétition (j'aurais jusqu'à 20 cms d'eau dans la tente!) et alors seulement le plus dur reste à faire, passer le petit matin et tenir jusqu'au bout de la course de pas tout à fait 24 heures, parce que le public enthousiaste envahit la piste avant la fin de ce Bol d'Eau(r) !


Retour par la Route Napoléon, parce que c'est quand même plus fun que l'autoroute, à suivre mon frangin sur son « Quat'Pattes », j'améliore mes propres trajectoires, jusque-là assez... généreuses !
Et puis ça fait plaisir d'enrhumer quelques kékés sur leurs bolides neufs qui « montent à 300 » (sur l'affiche dans leurs piaules!)... Ils ne sont pas joueurs, alors qu'on se fout ouvertement de leur tronches (on est sur la route de Grenoble, les locaux comprendront...).
Etre libre sans être tête brulée, pour le plaisir de rouler, je vais me régaler pendant environ 200 000 kms avec mes 4 motos dans la vingtaine d'années suivantes, de l'Espagne à la Norvège, de l'Italie à l'Irlande...

03 mars 2012

Route 1991 : l'Amicale du Poireau Casqué

Toujours avec ma première moto, une Honda CB 650, c'est une moto qui tient bien la route, TOUTE la route, y compris les bas côtés, selon un style de conduite cher à la cultissime BD du« Joe Bar Team »... La bande de potes que je rejoint à ce moment est du même acabit, la savoureuse « Amicale du Poireau Casqué », on en rigole encore !

Ah, cette première équipée sauvage dans le Diois, le week-end du 20 et 21 juillet, comment dire, ce fût grandiose, à la limite de l'abracadabrantesque !
Rendez-vous devant chez Siron à Grenoble, où Roger avait laissé son Ural en révision. Je fais une arrivée remarquée puisque la béquille latérale de ma bécane se replie inopinément, laissant ma monture se vautrer entre mes jambes ébahies, bien sûr sous les railleries de toute la bande !
A peine le temps de se refaire une figure convenable, Roger rentre en scène, enclenchant la marche arrière de son attelage... Or, chez Ural, moto soviétique, ce n'est pas parce qu'on y attèle un panier que l'on supprime la béquille centrale, ce que le mécano avait trouvé bien pratique pour faire la vidange ! Voilà donc mon Roger (qui ne s'était pas rendu compte de ce détail), hurlant comme un damné parce que son side tout neuf et fraichement révisé ne bouge pas d'un poil, pourtant la roue arrière tournait bien, elle, suspendue en l'air, et nous tous morts de rire, sa femme Isabelle la première !!!
Enfin, on prend la direction du Vercors, que dire sinon qu'il nous faudra 7 heures pour parcourir les quelques 150 kms de la traversée du Vercors et de la descente dans le Diois par le col de Rousset (les arrêts photos n'expliquent pas tout)... Et encore 3 heures pour monter la tente neuve du camarade apparatchik (la notice de montage est en russe traduit du chinois par un slovaque !).
Philippe remet en place les pots de son Laverda 750 à grands coups de maillet sous le regard complaisant de la reine Irène (bon oui, 3 cylindres, ça vibre de partout !)... Denis est fier de son Guzzi V35 Imola, c'est sa première sortie avec, il vient d'avoir son permis, on l'avait bombardé président du moto-club parce que c'était le seul à ne pas avoir le papier rose (et à rouler alors en 125 MZ...) ! Christophe, qui est descendu spécialement de Paname avec la combi en cuir rouge moulant de son petit frère, est chargé de récupérer les diverses pièces qui tombent sur la route, ce qui le fait bien suer... Mon frangin n'en pense pas moins avec son splendide BFG + Condor de chez Jeaniel, il se gare un peu à l'écart...
Bon, le thermomètre de la piscine du camping indique 23°, mais en fait il doit être peint, l'eau est plutôt frisquette ! D'ailleurs, notre bolchevik y plongera avec ses bottes (et son slip panthère)...
Une fois installés, on profite de ce week-end prolongé pour apprécier les paysages de ce coin de Drôme, le cirque d'Archiane, le Claps, les cols de Cabre et de Menée, belles balades tranquilles où l'on se chope quand même un contrôle routier par 2 keufs qui voulaient buller loin des grands axes routiers et qui ont oublié leur carnet de contredanses à la caserne... Alors, entre Denis qui ne peut présenter que les papiers de sa MZ avec son permis provisoire, moi dont la Honda émet quelques décibels non homologués, je dois redémarrer en 3ème sur un filet de gaz pour faire le moins de bruit possible, Philippe demande aux keufs de le pousser dans la descente pour relancer son Laverda, et Roger se voit récompensé d'un admiratif « splendide restauration !» pour son Ural, alors que c'est la seule moto neuve ! Ulcéré, il se risquera alors à dépasser les vélos dans la montée du col de Grimone, mais le petit Jimmy s'est déjà rendormi dans le panier !

Bon, y a pas de raison pour qu'on soit les seuls à se faire em(tûûût)é, on se gare en embuscade à la sortie d'un tunnel et on se poste au bord de la route, jambes écartées et bras croisés, à se moquer des « bons conducteurs » qui succombent à la peur du gendarme en apercevant nos silhouettes avant de reprendre rageusement leur chemin quand ils découvrent la supercherie...
Il faut bien le reste de la soirée pour comptabiliser les points permettant de décerner le poireau d'or au plus méritant d'entre nous à la fin de l'année, la compétition fut acharnée ! 
Ah, le dur labeur quotidien des aigles de la route, Hi ! Hi ! Hi !

23 avril 2011

Route 1987 : Maroc'n'roll all stars

J'ai passé 12 mois à ressembler au Che (l'ami Fidel) avec ma barbe et mon treillis, il m'a fallu batailler pendant 3 heures pour éradiquer la jungle avant d'abandonner l'or du Rhin (enfin, la caserne de Freiburg in Breisgau). C'est mon frangin qui est venu me chercher avec sa BFG, moto française donc promise à un brillant désastre commercial, quelques soient ses qualités... Mais il en reste encore quelques unes, voir :
Une semaine plus tard, c'est avec des potes de la fac (Apap et moi en R5, Yves, Marie-Do et Sylvie en 104Z) que l'on traverse l'Espagne sous des trombes d'eau (ctobre) avant de franchir le détroit de Gibraltar (d'où j'écris ces lignes aujourd'hui, la vie ménage toujours quelques subtils effets de hasard...) et faire les premiers pas sur la terre d'Afrique...
Dépaysement assuré dès le passage de la frontière, calme côté espagnol et grouillant côté marocain, mais on se balade bientôt dans les montagnes du Rif en écoutant les riffs (celle-là, elle était facile!) des guitares de Santana sur Caravanseraï...
Notre première étape, c'est Chefchaouen, village qui agrippe à la montagne ses maisons peintes couleur blanc et bleu ciel, un peu comme si on se baladait au fond d'une piscine (en forte pente!)... On tire des tafs du kif du Rif, mais gaffe, le vendeur kiffe les keufs, dis-leur aux dealers (in memoriam Serge Gainsbourg...), on ne tombe pas dans le panneau...
Un détour par Casablanca pour récupérer un troisième larron, Patrice, et on continue notre voyage en visitant les villes impériales de Fès et Meknès, leurs murailles impressionnantes abritant les labyrinthes des souks débordant d'activité. A ce propos, c'est extraordinaire le nombre de personnes vivants de petits boulots, que ce soit le gardien de trottoir (mais quitte à devoir payer pour son stationnement, vaut mieux donner son obole à quelqu'un plutôt qu'à une machine sans âme, non ?), le guide improvisé dans les ruelles entrelacées (où un GPS qui n'existait pas à l'époque y perdrait son latin), le rabatteur qui insiste sur le plaisir-des-yeux-ça-coûte-pas-cher, le gamin qui apporte le thé à la menthe, et j'en passe... Le soir venu, on sort le jean pour aller déguster quelques tajines (bœuf, mouton ou poulet?) à la fraîche...
Direction le Moyen-Atlas où l'on aurait bien pu s'éterniser, on se fait inviter à une noce par des nomades mais le temps nous ait compté (déjà ce carcan des sociétés occidentales!).
Par le tunnel du légionnaire on arrive aux portes du désert, à El Rachidia.
Là, un gamin s'impose (sans que l'on résiste trop) comme guide pour nous amener aux dunes de Merzouga, partie occidentale de l'erg Chebbi, qui est au Sahara ce qu'est le soleil de notre voie lactée dans l'Univers, pour vous donner un peu un aperçu de l'immensité de la chose...
Le Sahara, le roi des déserts, une seule plage de l'Océan Atlantique à la Mer Rouge, le sable y est tellement fin qu'il coule comme de l'eau entre les doigts (c'est ici que je commence ma collection de sables du monde entier), on y bout le jour et on y gèle la nuit, on ne triche pas avec le désert... Le jour, les dunes flottent sur les eaux irréelles et tremblotantes des mirages, la nuit, la voûte céleste scintille de milliers d'étoiles d'un bout à l'autre de l'horizon... Le bonheur de dormir à la belle étoile...
Bien sûr, on ne résiste pas au plaisir de passer une journée à dos de chameau, enfin, quand je dis plaisir...Bon, d'abord ce ne sont pas des chameaux mais des dromadaires, ils n'ont qu'une bosse (d'où on peut déduire qu'un chalumeau est un dromaludaire à deux bosses, cqfd !), et, autre particularité, un sale caractère, qu'ils expriment en blatérant des invectives ! Le vaisseau du désert progresse en avançant les deux pattes du même côté, mais la bosse, elle, elle reste au milieu, ce qui, à terme, provoque une forte envie de se faire opérer des amygdales aux membres du sexe masculin... Résultat, à la fin de la journée, on se battait pour savoir qui allait rentrer avec l'âne (brave bête s'il en est!)...
Moi, je préfère les méharées en Méhari, une autre voiture culte de chez Citroën, voir :
Mais c'est avec nos citadines que l'on poursuit notre périple, notre gamin-guide insiste pour conduire même s'il ne touche pas les pédales et regarde la piste à travers le volant, c'est sans doute pour ça qu'il n'a pas pu éviter le seul caillou noir pointu, pourtant bien visible sur la surface immaculée d'un chott, un lac salé d'une blancheur éclatante, sur lequel on explose un pneu... Bon, après d'âpres négociations, on fait réparer la roue au patelin suivant pour 3 francs (50 centimes d'euro), là aussi on a laissé le gamin faire !
Pour le marchandage, on délègue volontiers aux « gazelles », elles font des merveilles, c'est même parfois gênant quand elles discutent encore le prix des merguez à 3 centimes (0,005 centimes d'euro) ! Elles ont rendu chèvre plus d'un marchand de souk...
Passé Ouarzazate (voir Zazate et mourir ?), on visite les superbes gorges de Todra et du Dadès, impressionnantes failles dans le Haut-Atlas et l'on continue par la route des kasbahs, certaines en ruine, d'autres magnifiques forteresses de pisé se camouflant dans le paysage jusqu'à Zagora, à 40 jours de chameau de Tombouctou (non merci !).
 

On escalade le Tizi'n'Tichka où l'on manque se faire emplâtrer par un camion tellement surchargé que j'en fait des ratures sur mon brouillon, pour redescendre sur Marrakech, la perle du sud.
On ne se lasse pas du spectacle continuel de l'immense et pittoresque place Djema el Fnaa. C'est le cœur de la vieille ville, dominé par la Koutoubia, qui bat son plein à la tombée de la nuit, une agitation qui contraste fortement avec le calme du désert !
Après une semaine de routes poussiéreuses et de pistes sablonneuses on se rue sur les brochettes des étals de nuit tout en se gavant de jus d'oranges fraichement pressées, et ça, il faut pas le faire, on a passé les heures suivantes à faire le siège des toilettes ! Un trône n'est pas forcément royal, même au pays de Sa Majesté... Un grand Coca sans glace (c'te boisson ne devrait être vendue que sur ordonnance !) et un couscous remettent un peu d'ordre dans tout ça...

On refranchit ensuite le Haut-Atlas par le Tizi'n'Test en direction de la ville fortifiée de Taroudant et de l'univers minéral de Tafraoute (le roc du Maroc). De là, on se prend une grosse tempête de sable, qui s'infiltre partout malgré les vitres fermées et la ventilation coupée (quand mon pote Apap revendit sa voiture 8 ans après, il en tombait toujours du sable !). 



La visibilité nulle nous oblige à avancer au pas avant de rallier la côte et la superbe ville d'Essaouira (Mogador pour les navigateurs portugais), port de pêche à la sardine qui s'abrite des embruns de l'Océan Atlantique derrière ses murailles telle Saint Malo sous le soleil...
C'est au Maroc qu'on apprend que les chèvres poussent sur les arbres, notamment sur les arganiers (l'huile d'argan, l'une des meilleures huiles au monde!) qui parsèment la route qui nous amène aux cascades d'Ouzoud, un moment de fraîcheur bien agréable au plus fort de la journée, le soleil d'Afrique cogne dur !

Il faut maintenant entamer les 2500 kms de remontée vers l'Hexagone, sans rouler de nuit au Maroc, parce que la plupart des véhicules n'allument leurs phares qu'au moment de vous croiser (j'imagine que c'est pour économiser les ampoules, mais ça surprend !), que les piétons, les animaux et les carrioles ne sont pas éclairés, tout comme les nids d'autruches (c'est comme les nids de poule de par chez nous mais en beaucoup plus gros!). On en reviendra avec une jante tordue en 8, bonjour les vibrations ! Donc, ne pas rouler de nuit, d'autant qu'Allah va au bar de bonne heure le matin et qu'il y a toujours un haut-parleur rouillé qui s'égosille pour vous le rappeler du haut du minaret en face de la chambre et que vous n'avez pas remarqué en arrivant la veille...
On a droit à une fouille en règle par les douaniers français qui ont trouvé douteux « que l'on revienne d'Espagne en ayant fait juste un «petit saut » au Maroc pour quelques emplettes », faut dire que la R5 traîne un peu par terre (en laissant un peu de sable derrière elle)... Tapis, lanterne en fer forgé, échiquier en marqueterie, kif-kif, m'sieu l'gabelou, ce que tu cherchais est parti en fumée !

01 février 2011

Route 1986 : Go west, young man

A cette époque, le consul général des USA à Lyon délivrait des visas touristiques valables à vie... Mais les gabelous ricains n'étaient pas au courant ! Ceux là même qui vous demandent toujours très sérieusement si vous avez l'intention de commettre des attentats sur le formulaire d'immigration (que le moindre terroriste qui ait déjà répondu par l'affirmative lève le doigt !)...

M'enfin, après un interrogatoire privé, ils me laissent enfin sortir de l'aéroport et je me retrouve dans une masse de chaussettes, je veux dire au Massachusetts, à Boston précisément. C'est vrai que c'est de cette ville qu'a commencé la guerre d'indépendance des colonies anglaises, qui trouvaient le thé anglais trop corsé, surtout au niveau des taxes... Des rebelles, quoi ! Il en reste un parcours historique dans la « vieille » ville...
Mais l'histoire des USA, on n'en retient surtout la conquête de l'ouest, alimentée par les westerns et la lecture d'ouvrages aussi indispensables que les albums de Lucky Luke et Blueberry...
Donc un bus m'amène à Chicago, la « ville du vent » qui domine le lac Michigan de la hauteur de ses gratte-ciels, la Sears Tower est alors le plus haut building du monde avec 442m... Impressionnantes aussi, les tours jumelles au bord de la rivière dont on a inversé le courant, avec ses garages à bateaux surmontés des parkings pour automobiles, eux même surmontés par les appartements, tous avec balcon... J'en prends plein les yeux, comme avec le mobile de Calder, la statue de Picasso, le métro aérien circulant dans un boucan d'enfer, enfin pour tout ça je vous invite grandement à visionner le film des « Blues Brothers », d'abord c'est un chouette film et ça fait toujours plaisir de voir le plus grand massacre de voitures de flics de toute l'histoire du cinéma !
Et c'est à Chicago encore que j'ingurgite la plus grosse pizza, pourtant ce n'était qu'une « médium », mais elle m'a nourri pendant 3 jours, le resto fournit gracieusement le « doggy bag », un sac pour emporter ce que vous ne pouvez plus manger sur place !
Je continue en bus, et là je fais un coup de poker en achetant un pass qui me permet de circuler à volonté sur tout le réseau de la compagnie pendant une semaine pour... 99 dollars ! Une aubaine pour un étudiant ! Mais il ne faut pas traîner en route ! J'opte pour la route nord, qui traverse les Badlands du Dakota (pas l'endroit pour tomber en panne, à part les restes de dinosaures, il n'y a rien !), longe le parc Yellowstone par le nord, pour arriver à Seattle, là où les avions font « boeing » à l'atterrissage...
De là, je retourne à Vancouver, au Canada, qui accueille l'exposition universelle dédiée aux moyens de transport, mais pas seulement, j'y ai l'occasion de siroter un whisky avec un glaçon prélevé directement sur un iceberg de la banquise arctique apporté pour l'Expo86, la glace est tellement comprimée qu'elle siffle en fondant dans mon verre !
Dernier voyage que m'autorise mon pass, je file plein nord, via Yellowknife et sa forêt de panneaux indicateurs du monde entier, pour arriver à Whitehorse, dans le Yukon... Si vous regardez sur une carte, ça doit bien faire 6000 bornes ! Crazy ! Faut être jeune !
De là, un saut de puce m'amène à Skagway, en Alaska, les énormes convois routiers remplis de 100 tonnes de plomb ont remplacé les chercheurs d'or qui s'échinaient à franchir à pied le col Chilkoot plusieurs fois de suite pour transporter tout leur bazar d'affamés du métal jaune, dans une file interminable et dans la neige... Moi, je me souviens d'un 6° un matin d'août, ça fait frisquet !
Cette partie de l'Alaska, c'est aussi le territoire de l'aigle royal, celui que les USA ont pris pour emblème, qui survole les torrents issus des glaciers se frayant leur chemin dans la forêt pluviale originelle, un sanctuaire de la nature quand les pétroliers pourris ne s'y éventrent pas (la Bretagne a eu son Amoco Cadiz, l'Alaska son Exxon Valdez...). Un soir, je loge dans une cabane au bord d'un lac, je dérange les écureuils qui gambadent sur la terrasse pour regarder brouter les orignaux (non, non, pas les originaux, j'ai bien écrit orignaux, c'est comme un agnal, des agneaux, un orignal, des orignaux !)...
En redescendant sur Prince Rupert, une sublime aurore boréale me tiendra éveillé toute la nuit, c'est un spectacle magique de voir ce grand rideau d'un vert laser se déployer et onduler dans tout le ciel...
J'embarque alors sur le ferry qui rejoint l'ile de Vancouver via le « passage intérieur », le long de la côte de la magnifique Colombie Britannique, quand le brouillard ne cache pas tout !
De là je retourne aux States, je rêve de voir San Francisco, mais comme je fais du stop, c'est assez aléatoire, en tous cas pittoresque, que ce soit le jeune désœuvré, canette de bière entre les jambes (quelques kms seulement !), le paysan en pick-up qui me demande de jurer en français quand on tombe en panne pour ne pas que sa femme comprenne (et donc ne l'engueule !), le VRP en Cadillac qui me fait tout un discours sur la beauté du système capitaliste américain qui donne beaucoup à celui qui travaille beaucoup pour que sa famille vive confortablement (sauf qu'à toujours être sur les routes, il ne la voit pas, sa famille !), un minibus hippie qui voulait m'emmener à Las Vegas...
Mais moi qui suit un fan de « Bullit », et notamment de la fameuse poursuite en Ford Mustang à boite manuelle, avec le double débrayage rageur de Steve Mc Queen, je voulais voir la ville blanche s'étaler sur ses collines et le gigantesque pont rouge de la Porte d'Or avec vue imprenable sur Alcatraz et Downtown San Francisco... Ville de la tolérance par excellence, aux multiples facettes, babacool, bobo, homosexuelle, chinoise... Son Cable-Car qui défie les âges en s'agrippant à son câble pour passer d'une colline à l'autre, ses restos à sushis où le cuistot officie au centre de la salle, les façades de ses maisons en bois, les devantures des boutiques où l'anglais a disparu au profit du mandarin, le parfum capiteux des plantes grasses qui recouvrent les falaises surplombant l'océan Pacifique, le « clam chowder » (soupe aux coquillages) qu'on déguste sur les quais en regardant les phoques faire la sieste et les pélicans se disloquer le cou en tombant comme des pierres sur un poisson, ses rues tirées au cordeau, sauf une... J'aime Frisco !
Il ne me reste plus qu'à retraverser le continent, et encore une fois la frontière entre les USA et le Canada pour aller dans le parc des milles iles en Ontario, la tête du douanier quand je lui ai expliqué que j'avais franchi la frontière pour entrer au Canada dans une voiture canadienne qui ne s'était pas arrêtée, mais que je revenais à pied au milieu de la nuit au poste frontière parce qu'il me fallait un tampon sur mon passeport ! Ses yeux roulaient comme les chiffres d'une calculatrice dont les piles sont HS... Game over !

Je passe ensuite aux chutes du Niagara, je trouve le fer à cheval (côté canadien) plus impressionnant mais c'est tellement dénaturé par des attractions touristiques débiles que je préfère encore regarder Marylin Monroe dans « Niagara »...
J'arrive enfin à la grosse pomme, New York City et là... alors là... Ze big claque dans la gueule !
C'est la ville de tous les superlatifs, il y a une énergie dans cette ville tellement intense qu'on en ressent physiquement la vibration quand on se balade sur les trottoirs de Manhattan, notamment autour de Time Square... C'est une ville à fleur de peau, j'imagine qu'on la déteste ou qu'on l'adore, mais cette énergie, cette frénésie ne peuvent pas laisser indifférent... C'est la statue de la « Liberté éclairant le monde », ce phare planétaire vers lequel ont convergé et continuent d'arriver tant d'immigrants de tous pays, apportant avec eux leurs espoirs d'une vie meilleure... Il y a l'Empire State Building et il y avait les Twins Towers, en haut desquelles je suis monté admirer la vue sur le « skyline », la silhouette de tous ces gratte-ciels pointant toujours plus haut, mais j'ai aussi vu un jardinet avec quelques pieds de tomate à deux pas du quartier où se joue la finance mondiale...
Il y a tous ces multiples quartiers, Chinatown grignote Little Italy qui se mélange aux juifs, les artistes de Greenwich Village font la nique aux costards-cravate (souvent sans cravate) de Wall Street, toutes les gigantesques enseignes lumineuses et affiches de spectacles de Brooklyn  contrastant avec les rues en terre du quartier déglingué de Harlem où l'on se bat au couteau en plein jour (je l'ai vu), mais c'est de l'autre côté de Central Park, le poumon vert de la Grosse Pomme...
Et puis tous les clichés, les sirènes hurlantes des ambulances répondant aux klaxons rauques des pompiers, les cheminées des chantiers exhalant les vapeurs fétides du sous-sol new-yorkais, les rues entières recouvertes d'une noria de taxis jaunes (à NYC, on peut prendre un taxi et lui demander de vous amener de l'autre côté de la rue !), qui bien sûr ne sont jamais libres quand il pleut à verse...
Le jour, il y a la foule anonyme dans laquelle chacun fond sa dose d'excentricité, la nuit il vaut mieux éviter d'errer dans les rues, j'ai essayé en arrivant car je ne supportais plus les néons de la gare routière, j'ai croisé trois personnes qui toutes m'offraient des doses de crack (cette saleté de drogue dont on tombe immédiatement accro), je me suis réfugié dans un Mac Do jusqu'à l'aube, au moins quand tu achètes un café, on t'en ressert gratuitement à volonté...
Bref, je suis rentré des States avec 5 jours de retard sur mon incorporation, je suis descendu de l'avion (c'est l'une des seules fois où j'ai pu voyager avec Air France, service de porcelaine au repas même en classe touriste, à cette époque !) pour sauter dans un train en direction de l'Allemagne...
Ben oui, pendant les trois jours de présélection, j'avais émis le souhait d'effectuer mon service militaire obligatoire en Outre-Mer, j'ai obtenu Outre-Rhin, pendant tout ce périple nord-américain je me suis posé la question de déserter ou non, j'aurais pu, mais le prix à payer, un long exil, c'était trop cher... Et puis Freiburg in Breisgau est une jolie ville, après tout !