15 décembre 2008

Page 79 : Une libellule chez les Dogons...

Il parait que cela fait partie des 10 endroits à voir dans sa vie... Moi, je n'aime pas trop ces classements stéréotypés qui drainent un flot de touristes, mais je ne me prive pas d'y aller voir par moi-même pour me faire mon opinion...

Donc, j'ai formé une bande de jeunes avec 2 autres touristes qui sont arrivés spécialement pour faire un tour d'une semaine, je me suis donc retrouvé à parler ... hongrois ! En fait, c'est tellement incompréhensible qu' on communiquait en anglais... L'essentiel est qu'on a réussi à se comprendre (parce qu'hongrois ce qu'on veut, on a raison de penser ce qu'on pense...), partageant quelques spécialités apportées par Istuan et Roland, dont une bouteille de Tokaji -ou Tokay- et... une boite de corned beef brésilien achetée à Cuba... (si ça, ce n'est pas de la mondialisation !).

Notre première étape était Djenné et sa fameuse mosquée, pour le marché hebdomadaire du lundi que absolument TOUS les guides touristiques recommandent confidentiellement... Le troupeau, suivez le guide !
Sauf que là, c'était férié pour cause de Tabaski, donc pas de marché, les gens sont chez eux à manger le mouton ou rendent visite (dans leurs habits tout neufs) à leur famille et amis pour leur souhaiter les meilleurs voeux.
Comme nous au jour de l'an... sauf que j'y espère plus du foie gras et des huitres, question de culture ! Et de la Choue, vindiou ! (La Choue est une excellente bière Haut-Marnaise, pour ceux qui ne le savent pas... Pub gratuite !)


Ceci dit, le marché du jeudi à Mopti est vachement chouette, animé avec en plus le trafic fluvial en arrière plan, et peu de touristes en short-aux-pattes-blanches... L'effervescence y était à son comble la semaine dernière, pour le dernier marché avant la fête... Ah, le plaisir de se coltiner la foule pour les achats de dernière minute !


Puis on se dirige vers le pays Dogon...
Nous voici donc à marcher d'abord sur le plateau de Dourou à Begnimato. ce parcours offre de superbes points de vue sur la plaine, et le site de notre étape est simplement exceptionnel...

Puis on descend l'escarpement pour aller de villages en villages dans la plaine sablonneuse, où se balader en carriole se révèle moins fatigant que de pédaler dans la semoule...

On arrive ainsi à Enndé pour une nuit sans sommeil à cause de la pleine lune qui reste allumée et qui fait braire (je devrais plutôt dire grincer) les ânes...
Il y a ici un écomusée où l'on a pu organiser une danse de masques dogons (moyennant finance, bien sûr, mais ce sont des danses authentiques qui sont présentées...), ça leur a aussi permis de faire une répétition pour le festival annuel qui se déroule la dernière semaine de décembre...

Puis l'on passe par Teli, qui est un chouette village, avec un important quartier animiste niché au creux de la falaise, dans lequel on déambule (presque) librement, le Hogon (chef spirituel), bien qu'étant par tradition le plus agé du village, n'a pas terminé son initiation, ça peut prendre 3 ans... Il semble d'ailleurs y avoir une crise des vocations...

On termine cette balade en pays dogon à Kani-Kombolé, juste à temps pour assister à la fin du marché, haut en couleur, où les femmes dansent en cercle pour célébrer la nouvelle année et où l'on peut boire de la bière de mil (0,35€ le litre et demi ! - même pas malade !).


Ce qui fascine les visiteurs occidentaux assujettis à des sociétés beaucoup plus matérialistes que spirituelles, outre le spectacle des vieux villages dogons accrochés à la falaise, c'est l'organisation sociale et spirituelle de cette société animiste, encore présente même si elle cède du terrain face à une islamisation progressive...


Bref, on y côtoie des êtres humains...

J'y éprouve les mêmes sensations que lorsque j'avais approchés les communautés indiennes Navajos et Hopis dans l'Ouest américain...

D'ailleurs, on pourrait faire un parallèle entre les Tellems (prédécesseurs des Dogons) et les Anasazis (ancienne tribu indienne des environs de Mesa Verde), eux aussi s'étaient établis à flanc de falaise...

Tout comme cela replace les choses dans l'ordre que de réfléchir à la destinée humaine depuis la préhistoire quand on se trouve dans la falaise surplombant la Vézère, à un jet de pierre de la grotte de Lascaux...


Comme les amérindiens, les dogons se sont forgés une cosmogonie (vision du monde) richement dotée en symboles, qui s'expriment notamment par le biais des fascinants masques en bois et d'un artisanat authentique...




L'une des étapes les plus marquantes de la vie est le passage à l'âge adulte durant lequel les garçons sont circoncis ou les filles (encore) excisées... De ces cérémonies, il reste des peintures sur la roche, en guise de remerciement.

Ici, le respect des autres, l'honnêteté et l'entraide ne sont pas des concepts abstraits, ce sont des valeurs fondamentales, pourvu que ça dure !


Pour finir, nous avons embarqué sur une pinasse pour trois jours de navigation sur le fleuve Niger, moins de poussière et plus reposant, à visiter les villages de pêcheurs sédentaires ou nomades... et dormir sous des tentes "2 secondes" (pour se déplier, et beaucoup plus pour se replier !!) au gré des mouillages sur la rive de ce long fleuve pas si tranquille (il y a du monde dessus !)...


Bref, une semaine bien remplie, un programme varié, même si souvent on n'avait qu'un confort très spartiate, ça valait le coup...
Il a quand même fallu que je m'y reprenne à deux fois pour venir à bout de ma barbe de huit jours !
Si je retourne au pays dogon j'essaierai d'aller dans les villages du nord qui m'ont l'air beaucoup moins fréquentés...
(Si vous en avez l'occasion, regardez l'émission "Rendez-Vous en Terre Inconnue au pays Dogon" début 2009, c'est un divertissement intelligent, autre pub gratuite !)

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