01 décembre 2008

Page 77 : Guinée remettrais plus les pieds !


Si je voulais passer par Conakry, c'était plus pour une raison familiale, mes parents y ayant vécu de 1952 à 1954... Ça m'intéressait de savoir si je pouvais retrouver l'endroit où ils ont habité, mais 56 ans plus tard, la maison coloniale a disparu au profit d'une aile de l'hôpital général... Je me rends compte, néanmoins, qu'à l'époque, c'était déjà une sacrée aventure pour un jeune couple (mes parents avaient alors 24 ans...)...

La forêt qui venait aux portes de la ville a disparu également, maintenant toute la presqu'ile est urbanisée, c'est une immense banlieue poussiéreuse et embouteillée, avec aussi ses bidonvilles d'une pauvreté extrème à deux pas des ministères et des grands hôtels...
La nuit venue, on n'est pas éblouis par l'éclairage public, il n'y en a pas... Et si le batiment de la poste existe toujours, le service postal, lui, a été remplacé par une compagnie de téléphonie mobile... C'est pas pratique pour envoyer un recommandé !

Enfin bref, rien de passionnant ne me retenait dans cette ville, aussi avons-nous décidés, Pascal et moi de passer quelques jours de repos dans l'archipel de Los, à 10 kms au large de Conakry...
On s'est posé sur l'île de Room, où R.L. Stevenson aurait écrit son roman "l'île au trésor", une charmante île habitée par des pêcheurs, avec sa côte rocheuse exposée aux humeurs de l'océan Atlantique et ses plages tranquilles face au continent africain...

Pascal a pu donner libre cours à ses talents de cuisinier spécialisé dans le poisson, forçant l'admiration des guinéens, dont la cuisine est peu inventive....

On avait bien besoin de ça avant d'entamer la traversée Ouest-Est de la Guinée, en grand bus parce que le train ne fonctionne plus, et que le système "un siège par personne" nous apparaissait plus confortable qu'être entassé à 10 ou 11 sur 7 places...

Malheureusement, le "grand bus" est un car scolaire allemand réformé, stationné en plein soleil toute la journée avec impossibilité d'ouvrir les fenêtres, et on est assis sur le passage des roues... Et en plus des 3 tonnes de bagages sur le toit, la travée centrale est occupée par d'autres bagages, les enfants, les derniers passagers...
Bref, on entame la route de nuit, après 7 heures d'attente, et c'est le même chauffeur qui se tape tout le trajet, pendant 18 heures, en ne s'arrêtant que 3 fois un quart d'heure pour avaler du café....
La route est bonne sur la moitié des 700 kms qui nous séparent de Kankan, mais complètement défoncée autrement...
Ce pays est vraiment en état de déliquescence avancée...
Lors de l'accession à l'indépendance, Sékou Touré avait déclaré préférer "la liberté dans la pauvreté plutôt que la richesse dans l'esclavage"...
Pour la liberté, il n'est pas reconnu dans les encyclopédies comme un grand démocrate...
Pour la pauvreté, c'est gagné ! Façon de parler...
Aujourd'hui, le franc guinéen vaut à peine un dizième de franc CFA, la monnaie forte de la région puisqu'alignée sur l'euro... Et quand on sait que 1000 CFA = 1,5 €, combien vaut un franc guinéen ? A vos calculettes !


Ce n'est qu'arrivés dans la chambre de la mission catholique de Kankan que l'on peut prendre notre première douche à l'eau courante (froide) depuis notre entrée en Guinée, il y a 2 semaines ! Quel luxe ! J'y retourne plusieurs fois...

On commence à suivre le cours du fleuve Niger, déjà majestueux...

Notre dernière nuit en Guinée, avant de passer au Mali, sera beaucoup moins reluisante, sur une paillasse dans un cagibi au fond d'un bordel glauque option sordide où l'on manque se faire embarquer par la police fort soupçonneuse à l'égard des étrangers...
D'ailleurs, à de rares exceptions, les guinéens en général ne cultivent vraiment pas le sens de l'accueil...

En plus, 95% des informations fournies par le guide Lonely Planet sur la Guinée se sont avérées fausses ou de mauvais conseil, il est certain que son rédacteur n'a jamais parcouru le pays en taxi-brousse, sans doute plus sûrement s'est-il déplacé dans un de ces gros 4*4 flambants neufs qui sont le privilège des (grosses) ONG...

Heureusement que Pascal était avec moi, et moi avec lui, ainsi on s'en est sorti vivants, mais ça a été une lutte de (presque) tous les instants ! Ouf !

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