20 août 2009

Page 95 : Le Transsibérien et le lac Baïkal

Pour tous les cheminots que je connais...
C'est le plus long parcours en train que l'on puisse effectuer dans un même pays, 9289 kms entre Moscou et Vladivostok, et à peu près autant dans l'autre sens, celui que j'ai pris...
Pour être complet, je devrais y rajouter environ 650 bornes de Moscou à St Petersbourg pour relier l'océan Pacifique à la mer Baltique et encore 156 kms pour rallier la frontière avec la Finlande, soit 10095 kms en train d'un bout à l'autre du pays, parcouru en trois semaines...
Bon d'accord, c'est pas un TGV, la moyenne se situe aux alentours de 70 km/h, et le trajet n'est pas des plus rectilignes, établi au XIXème siècle, il fallait tenir compte des possibilités de la traction à vapeur... Plusieurs fois j'ai vu le soleil tourner autour des vitres sales des wagons couchettes !
Ah, ben oui, il faut 8 jours et 7 nuits pour effectuer le parcours du Transsibérien, donc c'est en wagon-lit, avec un samovar (fontaine d'eau brulante), des toilettes mais toujours pas de douches...
Ce qui a changé dernièrement, c'est qu'il est dorénavant interdit de boire de la Vodka dans les compartiments, moi qui comptait un peu la dessus pour améliorer mon niveau de russe, c'est raté !
Un peu pris par le temps, j'ai décidé de faire ce voyage en deux tronçons, le premier me conduisant de Vladivostok à Irkoutsk, je suis le seul étranger dans mon wagon "plaskartny", c'est à dire 2ème classe, et il n'y a même pas de wagon restaurant !
N'étant pas accoutumé au sujet, j'ai embarqué sans provision... Et ben, j'ai eu faim !
Le train ne s'arrête jamais longtemps et les russes sont tellement habitués à faire la queue (ils doivent apprendre avant même de savoir marcher !) que quand venait par miracle mon tour, le train repartait déjà !
Tout ce que j'ai réussi à acheter à une "Babouchka" (grand-mère) sur le quai d'une gare, ce sont des myrtilles !
Alors, arrivé à Irkoutsk au bout de 4 jours, je me suis tapé un demi poulet avec des frites sitôt sorti de la gare à 5 heures du mat'!

Depuis Irkoutsk, il faut compter 6 heures de route (infestée de flics malfaisants) pour se rendre sur l'ile d'Olkhon, au milieu du lac Baïkal, un endroit bien plaisant pour couper ce long et parfois monotone train-train...

Ce lac n'est pas le plus grand, mais c'est le plus profond du monde, avec plus de 1600 mètres de sonde, il contient plus d'H2O (c'est de l'eau, oh !) que toute la région des grands lacs nord-américains ! C'est en réalité une faille géologique qui est en train de faire naitre un océan au milieu de la Sibérie...

En son milieu, proche de sa rive occidentale, se trouve l'île d'Olkhon, en forme de banane, qui culmine tout de même à 1312 m ! Il y a sur cette île une petite ville aux allures de far west avec ses rues en terre et ses maisons toutes en bois, en plein essor, chacun construisant des chalets pour accueillir des touristes...
Et tout le monde propose des excursions jusqu'à l'extrémité septentrionale de l'île, à travers de sublimes paysages variés, mer de sable, forêts, lande rase avec vue sur les eaux bleues du lac (par beau temps !)...
Les rustiques camionettes russes se jouent avec facilité de tous les obstacles de la piste parfois bien défoncée... Une fois arrivé au nord de l'île, où se dresse un cap escarpé qui fend les flots telle une étrave de bateau, on pique nique d'un barbecue d'omouls, ce sont les poissons du coin... Dans un couscous, ça aurait fait des omouls à la semoule, cool !
J'ai fait une bonne coupure de trois jours sur cette île où les rubans multicolores accrochés aux arbres ou à des piliers égrènent les prières chamaniques au fil du vent...
La grande et brune Alexandriya n'attendait que moi pour me remettre mon billet de train, alors je suis reparti rejoindre le transsibérien pour filer en trois jours sur Moscou, toujours en 2ème classe, mais je n'ai pu avoir qu'une couchette dans le couloir, près de la porte, pas génial pour dormir ! Bon, le paysage est moins varié et autorise la sieste dans la journée...
Je suis toujours le seul étranger dans mon wagon, mais j'ai fait la connaissance d'un couple de jeunes français dans le wagon d'à côté, ça fait du bien de causer un peu !
Et ce coup-ci j'ai assuré mes arrières, j'ai mes bols de nouilles déshydratées, du saucisson et du fromage, et je teste (enfin) le wagon restaurant ! Heu... bon ben finalement, entre le menu indéchiffrable et les ruptures d'approvisionnement, et en plus c'est cher, je comprends pourquoi c'est désert !



Le kilométrage diminue au fil des hectomètres, 4644 on a fait la moitié, puis 3000 puis mille puis à la mi-journée du énième jour on arrive enfin à la capitale, dans cette gare dont le toit ressemble à celui du chateau de Prague, face à la très kitsch station de métro Konsomolskaïa (mot compte triple !)... Merci Natalya pour nous avoir guidé jusqu'à l'Oasis Hotel (tout neuf, bien situé et pas cher), sans tes jolis yeux, ton sourire et ta pratique du russe, on aurait bien galéré...

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